samedi 31 octobre 2009

Expérience n°1 : Le Marché Concurrentiel



Plan de l’article
Objectifs de cette expérience
Matériel nécessaire
Déroulement de l'expérience
1. Distribution des rôles et Lecture des instructions
2. Le jeu
3. Variantes possibles
Résultats, interprétation et discussion
Annexes
Objectifs de cette expérience
Ceci est une expérience pédagogique sur les marchés concurrentiels de biens. Elle s'inscrit dans le programme de Première ES (rentrée 2011) (Partie 3 "La Coordination par le marché", sous-partie 3.2 "Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?) ainsi que dans le programme de Seconde (rentrée 2010) (Partie 3.1 "Comment se forment les prix sur un marché ?").
Un marché est un lieu de rencontre entre une offre et une demande qui aboutit à la formation d’un prix. Institution clé dans une économie de marché, le marché reste néanmoins abordé de manière abstraite dans la théorie économique, notamment en ayant recours aux modèles de la concurrence parfaite et de l’homo œconomicus. Or, il est souvent difficile de parvenir à un raisonnement sur le fonctionnement d’un marché lorsque les notions nécessaires à ce raisonnement sont introduites en partant de la représentation abstraite de la théorie économique. Participer concrètement à des transactions marchandes simples permet en revanche de faciliter l’accès à l’étude de la coordination marchande.
Dans cette expérience pédagogique, certains élèves sont vendeurs d’un bien dont ils connaissent le coût de production. Les autres élèves sont acheteurs de ce bien dont ils connaissent la valeur pour eux-mêmes. Chaque vendeur doit chercher un acheteur avec lequel il s’accordera sur un prix permettant l’échange et, réciproquement, chaque acheteur doit chercher un vendeur lui permettant de conclure une transaction. Les gains réalisés par les élèves dépendent du prix auquel ils parviennent à vendre (pour les vendeurs) ou à acheter (pour les acheteurs) le bien. Si les vendeurs proposent des prix trop élevés ou si les acheteurs proposent des prix trop faibles, les gains totaux réalisés par l'ensemble des élèves seront faibles et le marché n’aboutira donc pas à une coordination efficace.
Cette expérience est intéressante. Elle permet d'introduire, à partir d’un contact direct avec le marché, les problèmes de négociation et de coordination, la question de la formation des prix, la loi de l’offre et de la demande. La construction de courbes d’offre et de demande ainsi que la compréhension du concept d’équilibre sont facilitées. En Première, on peut également s'appuyer sur cette expérience pour présenter la notion d’efficacité, ce qui permet aisément d’introduire les concepts de surplus du vendeur, de surplus de l’acheteur et de surplus collectif.
Matériel nécessaire
  • Un jeu de 54 cartes à jouer sans les figures ni les jokers. Il faudra 1 carte par élève.
  • Les instructions et la feuille de résultats données dans l’Annexe 1. Il faut reproduire ces documents en autant d'exemplaires qu'il y a d'élèves.
Déroulement de l'expérience
1. Distribution des rôles et Lecture des instructions
L’enseignant désigne 1 ou 2 assistants qui vont être chargés de noter les prix négociés au tableau et de les annoncer à voix haute aux participants au marché. Le nombre d’assistants doit être choisi de façon à ce que les élèves restants (ceux qui vont négocier sur le marché) soient en nombre pair. Ces élèves restants sont séparés en 2 groupes de tailles égales : les élèves à gauche de l’enseignant seront les vendeurs, et les élèves à droite de l’enseignant seront les acheteurs.
Distribution des instructions et des feuilles de résultats aux élèves.
L'enseignant lit les instructions du jeu du marché d’un bien données en annexe. Il répond ensuite aux questions et il s'assure que chaque élève a compris les règles du jeu.
2. Le jeu
L'enseignant distribue 1 carte rouge à chaque acheteur et 1 carte noire à chaque vendeur. Pour 32 élèves, l’enseignant n’aura au préalable conservé par exemple que les cœurs et les carreaux numérotés de 3 à 10 et les piques et les trèfles numérotés de 1 à 8.
Une fois que les cartes ont été distribuées, l'enseignant ouvre la première période d’échange : il invite les vendeurs et les acheteurs à se diriger vers le centre de la classe pour entamer les négociations, et précise que les élèves disposent de 5 minutes à partir de cet instant.
Au fur et à mesure que les couples d’acheteurs et de vendeurs se présentent au bureau pour faire enregistrer leur transaction, l’enseignant ou un assistant vérifie la validité des prix négociés (pas de prix inférieur au coût pour le vendeur ou de prix supérieur à la valeur pour l’acheteur), collecte les cartes des acheteurs et des vendeurs ayant conclu une transaction valide, leur demande de retourner à leurs places et d’y rester jusqu’à la fin de la période, inscrit le prix négocié au tableau et annonce ce prix à voix haute.
A l’issue des 5 minutes de la période, l’enseignant annonce la fermeture du marché. Il ramasse les cartes des élèves n’étant pas parvenus à une transaction. Il invite les élèves à calculer leurs gains pendant qu’il bat l’ensemble des cartes de couleur rouge et l'ensemble des cartes de couleur noire.
Une nouvelle distribution des cartes a alors lieu et une nouvelle période de transactions de 5 minutes est ouverte.
Le nombre total de périodes sera de 4 à 7 selon le temps dont dispose l’enseignant.
3. Variantes possibles
Il est possible d’introduire des chocs sur l’offre ou sur la demande en modifiant d’une période à l’autre les coûts de productions des vendeurs ou les valeurs des acheteurs. Par exemple, une taxe de 2€ supportée par les tous les vendeurs à partir de la 5e période augmentera uniformément les coûts de production de 2€.
Résultats, interprétation et discussion
Les coûts de production des vendeurs et les valeurs des acheteurs déterminent les courbes d’offre et de demande sur le marché ainsi que les prix et quantité de l’équilibre concurrentiel (voir les illustrations  : Annexes 2 et 3). Les négociations des élèves aboutissent presque systématiquement à une convergence vers ce prix et cette quantité d’équilibre, cette convergence étant de plus en plus marquée au fur et à mesure de la répétition des périodes d’échange. La loi de l’offre et de la demande se vérifie donc et les prix remplissent leur rôle informatif.
La convergence vers l’équilibre concurrentiel permet également de maximiser la somme des gains des participants à l’échange et assure ainsi de l’efficacité de la coordination.
Les façons d’engager la discussion avec les élèves sont multiples.
On peut partir directement de l’observation des séries de prix négociés et leur demander de réfléchir sur les raisons de la convergence vers un prix unique.
On peut également révéler les coûts de production des vendeurs et les valeurs des acheteurs. Ces informations, qui étaient privées au cours de l’expérience, peuvent amener les élèves à comprendre graphiquement la construction des courbes d’offre et de demande. Ils découvrent ainsi que le prix vers lequel la convergence s’est opérée est le point de rencontre de ces deux courbes.
La discussion peut se prolonger sur la pertinence de la loi de l’offre et de la demande dans des contextes de marché plus complexes, sur les raisons pour lesquelles la flexibilité des prix peut être remise en cause…etc.
Annexes

Annexe 1 : Instructions et Feuille de résultats (à distribuer à chaque élève) :  .doc ou  .pdf .
Annexe 2 : Illustration des résultats de l’expérience : .doc ou .pdf 

 Annexe 3 : Présentation de l'Expérience à la Journée de Formation DAFOR, Paris, Octobre 2010 : .ppt ou .pdf

lundi 26 octobre 2009

Expérience n°2 : Les Biens publics


Plan de l’article

Objectifs de cette expérience
Matériel nécessaire
Déroulement de l'expérience
1. Lecture des instructions
2. Le jeu
3. Variantes possibles
Résultats, interprétation et discussion
Annexes

Objectifs de cette expérience

Ceci est une expérience pédagogique sur les biens publics. Elle s'inscrit dans le programme de Première ES (rentrée 2011) (Point 3.4 "Quelles sont les principales défaillances du marché").
Les biens publics sont des biens ou des services qui bénéficient à tous, dont la consommation du bien par un individu n'empêche pas sa consommation par un autre (non-rivalité) et dont on ne peut exclure personne de sa consommation (non-exclusion). La qualité de l'air ou l'éclairage public sont des exemples de biens publics. La fourniture d'un bien public par un marché est inefficace. Pour fournir un bien public à la collectivité il faut faire appel à d'autres modes de financement ce qui passe souvent par une intervention de l'Etat.
Dans cette expérience pédagogique, les élèves doivent choisir entre contribuer ou ne pas contribuer à un bien public. D'un point de vue personnel, il est optimal pour chaque élève de ne pas contribuer au bien public et de tirer profit de la contribution des autres. D'un point de vue social, soit du point de vue de l'ensemble des élèves, il est optimal que chaque élève contribue le plus possible au bien public
Cette expérience est intéressante. Elle perme d'introduire, de manière simple et intuitive, les concepts de bien public, d'externalité, de passager clandestin ou encore d'altruisme. Elle permet aussi d'introduire une discussion sur le financement des biens publics et sur l'intervention de l'Etat pour la fourniture de ce type de bien.

Matériel nécessaire

  • Des jeux de cartes à jouer. Prévoir 4 cartes par élèves.
  • Les instructions et la feuille de résultat données en annexe. Il faut reproduire ces documents en autant d'exemplaires qu'il y a d'élèves.

Déroulement de l'expérience

1. Lecture des instructions

Distribution des instructions et des feuilles de résultats aux élèves.
L'enseignant lit les instructions du jeu du bien public données en annexe à ce document. Il répond ensuite aux questions et il s'assure que chaque élève a compris les règles du jeu.

2. Le jeu

L'enseignant distribue 4 cartes à chaque élève : 2 rouges (cœurs et carreaux) et 2 noires (piques et trèfles).
Une fois que les cartes ont été distribuées, l'enseignant ramasse deux cartes auprès de chaque élève. L'élève donne deux cartes à l'enseignant sans les montrer. Le nombre de cartes rouges qu'il donne correspond à sa contribution à la cagnotte qui constitue le bien public pour le groupe.
-         Chaque carte rouge ajoutée à la cagnotte rapporte un point à chaque élève du groupe.
-         Chaque carte rouge que garde l'élève lui rapporte quatre points et à lui seulement.

Au total, pour une période, le gain d'un élève est calculé de la manière suivante :
       Gain pour une période =  (1 point x le nombre de cartes rouges dans la cagnotte)
   + (4 points x le nombre de cartes rouges conservées par l'élève).

Les cartes noires n’affectent pas les gains mais sont nécessaires pour maintenir secrète la décision de l'élève.

Après avoir collecté les cartes de tous les élèves, l'enseignant compte le nombre de cartes rouges dans la cagnotte, il annonce ce nombre à haute voix et il l'inscrit éventuellement au tableau.
Les élèves doivent alors calculer et enregistrer leur gain sur leur feuille de résultats.

L'enseignant ramasse toutes les cartes et recommence une nouvelle période. La répétition du jeu est intéressante dans la mesure où elle permet aux élèves d'acquérir de l'expérience, d'observer le comportement des autres et de tenter différentes stratégies. Il faut prévoir au moins cinq répétitions.

3. Variantes possibles

Durant les répétitions, vous pouvez modifier la valeur d'une carte gardée en la passant de 4 points à 2 points par exemple.
Vous pouvez laisser les élèves communiquer entre eux avant de décider en privé ensuite.
Si le nombre d'élèves est supérieur à 20, il est conseillé d'augmenter la valeur de chaque carte conservée à 6 points.

Résultats, interprétation et discussion

Le gain maximal collectif est obtenu quand chaque élève verse ses deux cartes rouges dans la cagnotte. Mais chaque élève a intérêt à ne garder ses deux cartes rouges pour lui et de laisser les autres élèves contribuer au bien public. On parle alors de comportement de "passager clandestin".
Les résultats de l'expérience peuvent varier d’une classe à l’autre, mais ils sont globalement robustes. Au départ les élèves contribuent au bien public. Puis leur contribution diminue avec la répétition.
Le nombre moyen de cartes rouges dans le paquet augmente lorsque la valeur de la carte rouge conservée passe de 4 points à 2 points.
Une communication avant le jeu entraine une hausse sensible de la contribution au bien public.

Vous pouvez lancer la discussion avec les élèves en posant les questions suivantes.
-         Quel a été leur choix de contribution ?
-         Pourquoi ont-ils fait ce choix ?
-         Quel est le comportement le plus profitable pour un joueur ?
-         Quel est le comportement le plus profitable pour l'ensemble du groupe ?
-         Quelles sont les situations dans la vie courante qui peuvent être associé à ce jeu?

Donner une carte rouge s’interprète de manière évidente comme une contribution (volontaire) à un bien public. Au contraire, conserver une carte rouge correspond à une stratégie égoïste de "passager clandestin".
Vous pouvez ensuite introduire la question du financement des biens publics et du rôle de l'Etat à ce propos.

Annexes

Instructions et Feuille de résultats (à distribuer à chaque élève) :  .doc ou  .pdf .